Mon voyage au Bénin, octobre 2018

J’ai vécu une très belle expérience personnelle lors de mon premier voyage au Bénin. Elle alliait expérience professionnelle, tourisme mais aussi plaisir de faire connaissance avec ma famille maternelle que je n’avais encore jamais rencontrée ; un séjour riche au niveau émotionnel mais aussi mental et physique.

Au cours de ce voyage, j’ai été plongée au cœur des us et coutumes de ce pays. Je souhaiterais partager avec vous quelques pratiques béninoises en lien avec la naissance.

J’ai voulu rassembler quelques éléments utiles aux étudiant(e)s soignant(e)s qui partiront en stage là-bas, mais je souhaite aussi partager avec vous la conception de ce qui peut être important, nécessaire, méconnu ou encore sacré pour certains parents béninois. J’accorde à cela une attention particulière afin d’adapter, dans la mesure du possible, l’accompagnement que je propose aux parents dans notre pays.

D’abord, une brève présentation du Benin s’impose. Pays d’Afrique de l’Ouest, situé sur le Golfe de Guinée, délimité au nord par le Burkina Faso et le Niger, le Bénin possède également une frontière avec le Nigéria (à l’ouest) ainsi qu’avec le Togo (à l’est).

Entrons maintenant dans le vif du sujet !

Comment est perçue la naissance au Bénin ?

Pour différentes raisons, la grossesse peut être désirée ou non. Les conditions de vie de chacun peuvent également influencer les choix. Cependant, et de manière générale, la naissance est toujours vue comme un bonheur devant être célébré.

Comme disent les béninois : « Un enfant est une bénédiction »

Le prénom :

Lors de la naissance, tous les bébés sont d’abord inscrits dans le registre de naissance par « bébé suivi du nom de famille ». Ensuite, dans le cadre de la reconnaissance à la mairie, le bébé aura ses prénoms enregistrés suivi de son nom de famille.

En France et en Belgique, il arrive que des parents n’aient pas encore trouvé ou soient encore indécis sur le choix du prénom ; on pourra alors, lire sur les documents « fille », « garçon » accompagné du nom de famille du bébé mais au Bénin, la démarche est systématique. Ma curiosité m’a donc poussée à interroger mes collègues béninois et quelques personnes de la population ; je compris alors que le choix du prénom avait une importance particulière.

En effet, l’enfant aura plusieurs prénoms, le premier lui sera donné par « un sage » de la famille, un représentant ou encore un ainé, le grand père de l’enfant, par exemple. Les autres prénoms dépendront du choix des parents.

Dans certaines ethnies, un prénom sera donné en fonction du jour de la semaine auquel a eu lieu la naissance : l’enfant portera donc comme prénom le jour de la semaine correspondant au jour de sa naissance. Ce prénom sera traduit dans la langue locale.

Existe également le choix effectué selon le prénom indiqué dans le calendrier grégorien en fonction du jour de la naissance du bébé.

Le prénom peut également être choisi en fonction des souhaits de la famille et des espoirs placés dans la vie future de ce nouveau-né. Par exemple : «quelqu’un de persévérant», «quelqu’un qui aura le bonheur», «quelqu’un de respectable»…

Un prénom pourra aussi être donné en fonction de la religion pratiquée par la famille.

Pour résumer, le choix des prénoms se réfléchit en famille une fois que la naissance a eu lieu.

Le placenta :

En salle de naissance, en France et en Belgique, le placenta est mis dans un bac spécifique. Il peut également être analysé avant d’être évacué.

Au Bénin, les traditions culturelles sont différentes.

Après avoir réalisé un accouchement lors de ma première garde dans un hôpital béninois, j’étais sur le point de débarrasser le placenta mais je ne trouvais pas la contenant spécifique. Je me suis donc dirigée vers un contenant que je voyais au loin. Une sage-femme me demande ce que je souhaite et je lui réponds. Celle-ci m’arrête de justesse et me dit qu’il ne faut surtout pas jeter le placenta (je garde encore en mémoire l’image de ses grands yeux écarquillés). La sage-femme m’a alors expliqué le rôle du fameux pot que toutes les femmes amènent avec elles en salle de naissance ; y sera déposé le placenta qui sera ensuite rendu aux familles.

Après m’être davantage renseignée, j’ai compris l’importance de rendre le placenta aux familles après un accouchement. Le placenta naît avec l’enfant, il est donc sacré pour les parents, il est considéré comme une partie de ce nouveau-né. Ne pas rendre ce placenta pourrait être perçu par la famille comme une offense, un affront ou encore un désir de nuire à la vie future du nouveau-né et/ou de sa mère.

La famille ira enterrer le placenta dans un endroit discret et caché à la vue des gens afin d’éviter que des personnes mal intentionnées n’aillent déterrer le placenta à des fins malveillantes.

Les jumeaux et la vénération :

Lorsque les familles espèrent avoir un enfant mais finalement en attendent deux ou trois, ils ne savent pas comment expliquer ce phénomène miraculeux et perçoivent donc l’arrivée des jumeaux comme une grâce.

Au Bénin, avoir des jumeaux est très apprécié et fortement respecté. Dans la culture béninoise, togolaise ou encore nigériane, les jumeaux sont vénérés.

Le rôle et l’implication du père durant la grossesse, pendant l’accouchement et lors du retour à domicile :

Tout dépend de l’organisation des familles mais, de manière générale, le père a un rôle financier. Il fait en sorte d’apporter financièrement ce qui est nécessaire pour accueillir correctement le nouveau-né. Toutefois, il arrive de croiser de (futurs) papas lors des consultations prénatales.

L’infrastructure en salle de naissance est prévue de manière à rassembler plusieurs femmes dans une même salle. Elles sont séparées par des rideaux pour maintenir une intimité qui n’est pourtant pas toujours respectée… Notamment pour cette raison, les hommes n’assistent donc pas à l’accouchement mais aussi parce que l’accouchement est considéré comme « une affaire de femmes ».

Les hommes ne sont culturellement pas habitués à y assister. Néanmoins, nombre d’entre eux sont présents à l’extérieur du service et attendent la naissance de leur bébé. A la demande des familles, la sage-femme emmaillote le nouveau-né et sort de la salle d’accouchement afin de le présenter à son papa puis ramène le bébé auprès de sa maman.

Une fois de retour à la maison, la nouvelle accouchée reçoit (de manière générale) l’aide des femmes de la famille. Grand-mère, mère, belle-mère, sœurs, belles sœurs se partagent les tâches quotidiennes (s’occuper des autres enfants, cuisiner, laver le nouveau-né…) ce qui permet à la nouvelle accouchée de se reposer et de retrouver de l’énergie.

Je pourrai développer davantage mais je pense avoir envisagé les points principaux.

Je retiens une expérience enrichissante dans divers domaines. J’ai fait de belles rencontres. J’ai beaucoup appris tant dans les aspects positifs que négatifs. Enfin, je garde de mémorables et nostalgiques souvenirs de ce voyage.